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Corridors Logistiques 2.0 : L’Autoroute des succès économiques sans péages

Les entreprises sénégalaises peuvent façonner durablement le paysage logistique Ouest africain . Le Potentiel est incontestable et le jeu en vaut la chandelle .

L’Afrique est à un carrefour historique. Notre continent doit amplifier son commerce, non pour mimer l’Occident ou l’Asie, mais pour garantir sa souveraineté. Suivre aveuglément les autres, c’est s’égarer. Nous devons suivre notre propre voie . Il nous faut transformer nos routes, ports et marchés pour l’émergence d’un hub logistique créateur de valeur ajoutée depuis le Sénégal. À l’instar des commerçants de la Terranga reliant Dakar à Ziguinchor, nous devons bâtir notre avenir avec nos infrastructures.

Une logistique à notre échelle

L’Afrique ne l’emportera pas en suivant les règles imposées. Comme je le répète dans mes différents ouvrages, nous devons nous adapter, non nous conformer.  Selon l’Union africaine, le commerce intracontinental est dérisoire. Sur 100$ usd de commandes , 15$ usd transitent intracontinentalement, contre 60 en Asie et 70 en Europe. Sans infrastructures modernes, ports efficaces et vision partagée, nos atouts restent sous-valorisés.

Prenons l’exemple des transporteurs du corridor Dakar-Bamako: sur des routes usées, ils continuent d’acheminer poissons, mil et textiles. Leur savoir-faire, ancré dans la tradition, résiste aux aléas, comme l’a démontré le Professeur Sow . Mais ce savoir est vulnérable : des firmes étrangères l’analysent, le brevettent, tandis que nous tardons à l’organiser. Cette expertise est notre trésor, mais sans protection ni système, elle nous file entre les doigts.

Nos corridors sont une toile en devenir, un réseau de marchés interconnectés, comme le montrent les foires de Dakar, Thiès et Bamako. Aïssatou Diop, logisticienne et fondatrice du Réseau des Transporteurs de Dakar, lutte avec peu de moyens pour préserver ce patrimoine. Chaque communauté doit se muer en coopérative, unissant commerçants, agriculteurs et transporteurs pour des échanges fluides.

La Banque mondiale rappelle que les exportations intra-africaines ont atteint 100 milliards de dollars en 2023. Cependant elles pâtissent d’un manque de coordination . Nous devons nous former , nous équiper et planifier pour transformer nos faiblesses en atouts.

L’Afrique face à la concurrence mondiale

Des comptoirs coloniaux d’hier aux accords commerciaux déséquilibrés d’aujourd’hui, la logique reste la même : nous vendre cher ce que nous produisons non transformés, et nous inonder de produits manufacturés à bas prix.

Le dumping tue nos marchés : 70 % des biens consommés en Afrique viennent de l’extérieur. Le Sénégal, premier exportateur africain de produits halieutiques, importe pourtant une part importante du poisson transformé consommé localement. C’est l’illustration parfaite d’une dépendance que nous devons briser.

L’autonomie comme bouclier

Être souverain, c’est d’abord être autonome. Produire et consommer localement. Se nourrir, s’équiper et se protéger sans dépendre de l’extérieur.

La pandémie de la COVID-19 nous l’a rappelé brutalement : quand les flux mondiaux se sont arrêtés, certains attendaient l’effondrement de la Chine. Mais Pékin a su faire preuve de résilience . Son marché intérieur, aligné sur sa production, a absorbé le choc.

Il faut donc bâtir une économie capable d’affronter les imprévus mondiaux en s’appuyant sur ses propres ressources, avant de compter sur les marchés extérieurs.

La leçon chinoise pour l’Afrique

En 1949, la Chine ne comptait que 22 000 km de lignes ferroviaires, mal entretenues et sans électrification. Actuellement, l’Empire du Milieu dispose de 162 000 kms de réseaux, dont 45 000 kms de lignes à grande vitesse . Son objectif est affiché : 60 000 kms d’ici 2030. Ajoutons à cela 5,4 millions de kms de routes et un maillage qui relie villes et campagnes en quelques heures.

Par conséquent, Guangzhou (Canton) peut approvisionner l’ensemble du pays rapidement, garantissant ainsi une fluidité des échanges et préserver une indépendance économique.

L’Organisation Mondiale du Commerce souligne que la Chine a investi 200 milliards de dollars dans ses infrastructures lors de la dernière décennie.  Elle est ainsi devenue l’« usine du monde ». L’Afrique doit s’en inspirer, non pour copier, mais pour adapter ce modèle à ses réalités, et faire de son commerce la clé de sa puissance.

Vers une Afrique souveraine et rayonnante

Sans discipline, pas de résultats. La créativité africaine est notre moteur, mais elle doit mieux se structurer.

Chaque ville doit devenir un maillon d’un réseau économique où l’agriculture soutient le commerce, et le commerce alimente l’industrie. Les transporteurs du corridor Dakar-Bamako, par leur agilité, montrent la voie : une logistique qui réduit les délais, brave les obstacles et célèbre notre patrimoine.

L’avenir de l’Afrique est entre nos mains. En valorisant nos savoirs comme ceux recensés par Aïssatou Diop. Par l’investissement dans l’énergie et les infrastructures, nous pouvons tisser des corridors ancrés dans nos territoires.

Le rêve d’une Afrique qui produit, échange et exporte ses richesses, portée par ses commerçants et ses communautés, est possible.  Soyons unis et redéfinissons ensemble ce partenariat économique intracontinental. Jouons collectif, protégeons nos talents et visons la victoire : pour une renaissance commerciale, fièrement africaine, qui illuminera le monde.

À Paris, le Lundi 1er Septembre

Patrice Nziansè POGNON

Auteur des « Petits Manuels Africains de Guerre Économique –

Tome 2&3 : Comprendre la Chine en Afrique »

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