Le Sénégal trace sa voie vers la souveraineté minière

S.E Bassirou Diomaye Faye donne le ton d’un secteur extractif tourné vers la valeur locale
L’ouverture du 8e Salon International des Mines du Sénégal (SIM Sénégal 2025) a marqué un moment stratégique pour l’économie nationale. Au Centre International de Conférences Abdou Diouf (CICAD), le président Bassirou Diomaye Faye a donné le signal d’une nouvelle ère pour le secteur extractif : celle de la souveraineté, de la transparence et de la transformation locale.
Un État présent, un message clair
En visitant les stands d’entreprises publiques, de majors minières et de startups locales, le chef de l’État a voulu illustrer un cap : faire des ressources minérales un moteur d’indépendance économique.
Le ministre de l’Énergie, du Pétrole et des Mines, Birame Souleye Diop, a insisté sur la nécessité d’un modèle extractif qui dépasse l’exportation brute, pour créer de la valeur ajoutée au Sénégal.
« Le sous-sol sénégalais doit désormais servir le développement du territoire sénégalais », a résumé un haut responsable du ministère, en marge de la cérémonie.
Diplomatie économique et intégration régionale
Le ton du jour a aussi été régional. Des ministres venus de Gambie, de Guinée-Bissau et des délégations du Mali, de la Mauritanie, du Burkina Faso et de la Côte d’Ivoire ont pris part à la cérémonie. L’enjeu dépasse les frontières : construire une chaîne de valeur minière ouest-africaine, capable de peser sur les cours, les normes et les négociations globales.
Dans les échanges bilatéraux, les discussions ont porté sur l’interopérabilité réglementaire, la logistique sous-régionale et les incitations fiscales coordonnées pour attirer les investissements industriels.



Le secteur privé à l’écoute des signaux politiques
Les opérateurs présents – de grandes compagnies minières aux PME locales – ont perçu le message comme une inflexion : le Sénégal veut réguler sans freiner.
Le mot d’ordre : prévisibilité. Le gouvernement entend maintenir un cadre stable tout en exigeant plus de contenu local, notamment sur la sous-traitance, la formation et la fiscalité minière.
Plusieurs acteurs privés ont salué une approche « pragmatique » où l’État se positionne comme arbitre et partenaire, non comme simple régulateur.
Gouvernance, transparence, responsabilité
Le thème du salon, « Les ressources minérales : un levier de souveraineté économique », a trouvé écho dans les discours officiels.
Les priorités affichées sont nettes :
- Transparence contractuelle, notamment via le renforcement des cadres ITIE ;
- Redistribution équitable des revenus au profit des collectivités locales ;
- Respect des standards environnementaux et meilleure gestion de l’eau et des sols.
La trajectoire vise à éviter la “malédiction des ressources” en plaçant la gouvernance au centre du modèle minier.
Les nouveaux marqueurs du marché
Derrière les protocoles, la première journée a révélé les tendances lourdes d’un secteur en mutation :
- Digitalisation des opérations minières, avec l’arrivée de solutions de suivi en temps réel et de maintenance prédictive ;
- Croissance du tissu local de services, de la géotechnique à la logistique ;
- Intérêt accru des bailleurs régionaux pour le financement d’infrastructures minières durables.
Les discussions autour de la création de petites unités de traitement local confirment l’intention de capter davantage de valeur dans la chaîne productive.
Un récit de souveraineté en construction
Le Sénégal cherche à sortir du statut de pays producteur pour devenir un acteur industriel intégré. Le SIM 2025 illustre cette stratégie : utiliser les ressources naturelles non comme une rente, mais comme un levier d’industrialisation et de croissance endogène.
Le président Faye a voulu en faire un symbole : celui d’un État qui assume son rôle de stratège économique dans un contexte mondial de recomposition des chaînes de valeur.
Le SIM Sénégal 2025 s’ouvre sur une équation ambitieuse : attirer les capitaux sans céder la maîtrise, créer de la richesse sans fragiliser l’environnement, développer la coopération régionale sans perdre la souveraineté nationale.
La première journée a posé le cadre. Les jours suivants diront comment le Sénégal compte concrètement transformer son potentiel minier en puissance économique souveraine
MW



