The Greatest

Babacar Ngom, l’homme qui a bâti un empire avicole à partir de 120 poussins

Dans l’univers entrepreneurial africain, certaines trajectoires se racontent mieux en chiffres qu’en mots. Celle de Babacar Ngom, fondateur du Groupe SEDIMA, est l’illustration parfaite d’un leadership où la vision, la rigueur et l’audace se mesurent à l’échelle des milliards.

Le pari audacieux de 1976

En 1976, alors que ses camarades rêvent d’Europe, Babacar Ngom décide de rester au Sénégal. Âgé de 22 ans, il refuse une bourse pour la France et choisit de se lancer avec ses maigres économies. Montant de l’investissement initial : 60 000 FCFA.
Ce capital lui permet d’acheter 120 poussins et d’installer son premier élevage dans un espace de 16 m². La scène semble dérisoire. Elle est pourtant le point de départ d’un empire agro-industriel.

Du poulailler au groupe intégré

Dès la fin des années 1970, son flair se confirme. Ngom devient le plus grand importateur de poussins d’un jour au Sénégal, important jusqu’à 38 000 poussins par semaine.
Mais son obsession est claire : intégrer toute la chaîne de valeur.

  • 1986 : il se lance dans la production d’aliments pour bétail. L’usine atteindra plus tard une capacité de 1 200 000 tonnes, extensible de 250 000 tonnes.
  • 1992 : SEDIMA investit dans un couvoir capable de produire 14 millions de poussins par an, réduisant la dépendance aux importations.
  • 2002 : diversification avec la Sénégalaise de Promotion Immobilière (SPI).
  • 2012 : création de BATIX, branche BTP.
  • 2014 : lancement d’une minoterie de 250 tonnes de blé par jour, transformées en 200 tonnes de farine.

La puissance des chiffres

Le chemin est jalonné de chiffres qui traduisent la croissance exponentielle :

  • 3 milliards FCFA de chiffre d’affaires en 2003
  • 20 milliards FCFA en 2013
  • 42 milliards FCFA en 2018
  • 30 à 42 millions de poussins/an produits
  • 300 000 à 450 000 tonnes d’aliments par an
  • 250 000 tonnes de farine annuelles
  • ≈780 employés directs et 40 000 indirects
  • Un capital social de 2 milliards FCFA
  • Un abattoir de 4 000 poulets/heure

Ces données traduisent une réalité : SEDIMA n’est plus seulement une entreprise familiale, mais un pilier de l’agro-industrie sénégalaise.

Leadership et impact sociétal

Au-delà des bilans comptables, Babacar Ngom s’est imposé comme un leader économique et social. Pendant la crise du Covid-19 en 2020, il contribue à hauteur de 100 millions FCFA au fonds de riposte nationale. SEDIMA, avec près de 780 salariés et une chaîne d’approvisionnement qui fait vivre 40 000 personnes, incarne cette entreprise citoyenne qui dépasse la logique de profit.

La leçon d’un entrepreneur

Forbes aime les success stories qui partent de presque rien pour atteindre les sommets. Celle de Babacar Ngom en est une quintessence. Elle illustre que l’entrepreneuriat africain ne se limite pas à l’opportunisme, mais peut se construire sur le long terme, avec une logique de réinvestissement systématique et une diversification intelligente.

De 60 000 FCFA en 1976 à 42 milliards FCFA en 2018, le chemin de Babacar Ngom prouve qu’en Afrique, l’audace, la patience et le travail acharné sont des multiplicateurs de richesse aussi puissants que le capital.

En bâtissant SEDIMA, Babacar Ngom n’a pas seulement créé une entreprise prospère. Il a façonné un écosystème industriel, généré des milliers d’emplois et démontré que l’Afrique peut nourrir l’Afrique. Ses chiffres parlent pour lui : ils sont la meilleure preuve que l’excellence sénégalaise peut se mesurer en millions, en milliards… et en impact.

Mérimé Wilson

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