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Baïdy Agne : La discrétion au service d’une vision continentale

Dans l’univers feutré des grands patrons africains, Baïdy Agne incarne une rare combinaison : la discrétion d’un stratège et l’audace d’un bâtisseur. À la tête du Conseil national du patronat (CNP) du Sénégal depuis plus de vingt ans, il est devenu en juin 2025 le porte-voix de l’ensemble des employeurs du continent en accédant à la présidence de Business Africa, la confédération patronale panafricaine.

Peu enclin aux projecteurs, Baïdy Agne a façonné son influence loin des excès médiatiques. Ingénieur de formation, il a d’abord appris le langage des chiffres et des projets structurants avant de bâtir son propre groupe, TVS (Tractafric Ventures Services), actif dans les infrastructures et les services. Sa carrière s’est enrichie de participations stratégiques dans I-Cons, spécialisée dans les travaux publics, et plus récemment dans Ndar Energies, société à l’origine d’un projet de centrale à gaz de 250 MW à Saint-Louis, en partenariat avec Afreximbank. Des initiatives qui témoignent d’une ambition claire : arrimer le Sénégal et l’Afrique aux infrastructures de demain, entre énergie, transport et développement urbain.

Un réformateur du capitalisme africain

Pour Agne, le capitalisme africain ne doit pas être un simple copier-coller des modèles occidentaux. Dans ses interventions, il plaide pour un « capitalisme d’équilibre » qui conjugue création de richesse et inclusion sociale. Sous sa présidence, le CNP a élargi son rôle : de vigie économique nationale, il est devenu un interlocuteur de choix dans les réformes fiscales, les négociations avec l’État et l’accompagnement des PME. L’homme s’est imposé comme un arbitre discret mais efficace entre l’intérêt des entreprises et l’exigence d’un développement partagé.

Une stature internationale

Son élection à la tête de Business Africa n’est pas un hasard, mais l’aboutissement d’un patient travail de construction de réseaux. Agne a tissé des alliances solides avec les organisations patronales du Maghreb, de l’Afrique australe et de l’Est, tout en renforçant les ponts avec le patronat francophone et européen. Son style, marqué par l’écoute et la recherche du consensus, tranche avec l’image souvent plus abrasive des barons du secteur privé.

En marge de ses activités économiques, il a aussi investi la sphère culturelle, en tant que président du comité d’orientation de la Biennale de Dakar en 2016. Un signe que sa vision de l’économie africaine dépasse les bilans comptables pour embrasser les industries créatives et l’influence culturelle comme leviers de puissance.

Un héritage en construction

Baïdy Agne s’impose aujourd’hui comme l’un des grands architectes silencieux du patronat africain. Son influence ne réside pas seulement dans les titres qu’il occupe, mais dans sa capacité à faire émerger un nouveau logiciel entrepreneurial pour le continent : moins dépendant des injonctions extérieures, davantage arrimé aux réalités locales et aux aspirations des jeunes générations.

Dans un environnement global marqué par les incertitudes énergétiques, les tensions géopolitiques et la compétition accrue pour les investissements, le leadership de Baïdy Agne sera scruté de près. À lui désormais de démontrer que la discrétion peut être une force, et que le capitalisme africain peut s’inventer sur ses propres termes.

Mérimé Wilson

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